Dans les forges de Billancourt
Atelier 62
Martine Sonnet
éditions Le temps qu’il fait, 2008
(par Myriam Gallot)
Le père de Martine Sonnet a travaillé à l’usine Renault à Billancourt pendant une quinzaine d’années, quittant au début des années 50 son métier de charron-forgeron et la vie rurale pour la fournaise et le vacarme des forges de l’industrie automobile, l’atelier 62, réputé le plus dur de toute l’usine, et s’installant avec toute sa famille dans un appartement de banlieue.
Martine Sonnet a grandi dans ce milieu néo-ouvrier, auprès de ce colosse inconnu et pudique qu’était son père, mort depuis une vingtaine d’années. Elle est ingénieure de recherche en Histoire au CNRS, mais sa démarche dans Atelier 62 n’est pas exactement celle d’une historienne. C’est plutôt celle d’une fille cherchant dans les archives et les souvenirs la trace de ce que fut l’existence de son père et celle des milliers d’ouvriers de la régie Renault – 38 000 à la grande époque, autant que d’habitants à la ville de Chartres. Vies dont il ne reste plus rien sur cette île où tout a été détruit pour laisser place à de nouveaux projets immobiliers.