Entendre les voix du collège
Sur la photo de classe
Noam Soulat
Calmann-Lévy, 2008
(par Anne-Marie Mercier)
Sur la photo de classe des troisièmes E, ils y sont presque tous, et tous, y compris ceux qui n’y figurent pas, ont droit à un portrait individuel de quelques pages, un court chapitre. Ce livre décompose la photo de groupe en autant de vignettes. Ils s’appellent Jamel, Paul, Mohamed, Lolita, Fatima, Cyril, Rachida, Harmonie, Kennedy, Nicolas… Ils sont jeunes et ont peu d’intérêt pour le cours de Français de leur prof, Monsieur Soulat.
Instantanés d’un moment, ou portraits d’un jour ou parcours égrenés tout au long de l’année. Leur langage, leurs façons, manières et manies, leurs désirs, leurs amitiés et amours, désamitiés et désamours, apparaissent comme pris sur le vif, le plus souvent dans le même cadre, celui de la classe, du collège, rarement à l’extérieur (un salon du livre, le centre commercial). Apparaissent d’autres silhouettes, les autres professeurs, le CPE, le principal (son bureau est le lieu des confrontations graves, du rappel à l’ordre), les parents (parfois violents, surtout à l’égard de leurs enfants). Conseils de classe, conseils de suivi, vacances, rythment le temps autant que les exclusions et l’évolution, de plus en plus brutale, des rapports entre le professeur et certains, ou plutôt certaines de ses élèves. Le constat est terrible, violent.