Une histoire à la Prévert
Le Ventre de la baleine.
Stanislas Cotton
Théâtre, Lansman éditeur, 2008
(par Annie Forest Abou-Mansour)
Le Ventre de la Baleine de Stanilas Cotton est un soliloque de trente neuf pages, privé de ponctuation, hésitant entre le théâtre et la poésie. Ce texte débordant de modernité et de fantaisie linguistique donne à entendre une histoire à la Prévert, celle d’Aphrodite, une femme banale, malgré son prénom : « Oui je suis une idiote Une imbécile Une souillon Bonne à rien », une déesse de l’amour paradoxalement mal aimée : « Pourquoi un si gentil Un ami Un amant Pourquoi mutent ses mains douces en mains dures ».
Cette histoire ordinaire n’exclut cependant pas la poésie de l’écriture, la hardiesse des jeux de langage, les clins d’œil complices. Le narrateur transforme le langage, opère des substitutions surprenantes en inversant les expressions : « Moi l’envolée au volant de ma vie l’embardement hors de l’alignement des jours ».