Juvenilia ackeriennes
La vie enfantine de la Tarentule Noire
par la Tarentule Noire
Kathy Acker
Trad. de l’anglais Gérard-Georges Lemaire
Désordres, Laurence Viallet, 2006
(par B. Longre)
Le lecteur, emporté par le flot vigoureux et chaotique des mots, ne cesse de s’étonner devant la capacité de Kathy Acker à ingérer puis à régurgiter des textes et leurs personnages pour les faire siens. Narrateur et Auteur se veulent ici indissociables, de même que Narrateur et Personnage, par le biais d’un mimétisme langagier, intellectuel et instinctif, un procédé permettant à l’auteure de s’approprier d’autres existences et de véritablement fantasmer sur l’idée d’être ces personnages : « Je deviens une meurtrière en répétant par les mots la vie d’autres meurtrières » écrit-elle en exergue, affirmant d’emblée l’osmose qu’elle s’efforce d’engendrer entre le « je » omniprésent et les autres, qu’ils soient hommes ou femmes, personnages de papier ou écrivains. Des rôles successifs qu’elle endosse sans relâche, s’identifiant aux personnages recréés, se métamorphosant à l’envi selon l’inspiration du moment, si bien qu’il est difficile, en définitive, de savoir qui nous parle…